Libye et Afghanistan traitements médiatiques différents.


Je voudrais souligner la différence de traitements entre le soutien à des « insurgés » Libyens hyper médiatisé, relayé par les médias et débattu au sein de notre assemblée nationale et le combat au quotidien de nos soldats engagés en Afghanistan, oublié des médias et de nos politiques.

54, c’est le  nombre de soldats français morts en Afghanistan et ce bilan ne pourra que s’alourdir. Pourtant nos « petits gars » font de leur mieux, composant avec un ennemi aussi dangereux que fantôme. Quelle préparation peut prémunir un jeune soldat d’un « IED », ou d’un sniper « rebelle », qui après son tir réalisé se fondra dans la population ?

Etrange guerre que celle de l’Afghanistan, où les officiers supérieurs, qui dénoncent les manquements et défauts stratégiques, sont limogés. Une guerre oubliée de nos journalistes plus enclins à dénoncer les « incivilités » de quelques footballeurs français déshonorant les couleurs françaises que de nous parler de cette guerre que tout le monde annonce perdue, dans un pays où tous les occupants se sont cassé les dents.

54 vies perdues de français, des familles brisées, des enfants qui ne verront plus leurs pères, des mères qui ne verront plus leur fils.

A la clé que restera-t-il, une médaille accrochée sur une photo au mur et une question qui restera posée tout le reste de la vie, Pourquoi ?

Une enquête  va finalement être ouverte sur l’embuscade dans la vallée d’Uzbin, sept familles auraient réussi à obtenir que l’armée enquête sur cette tragédie.

Des soldats français souvent sous-équipés, contraints de se payer eux-mêmes leur équipement, roulant dans des véhicules qui ne résistent pas aux engins explosifs. Alors quel est l’avenir d’un engagement qui d’après tous les spécialistes se terminera par un départ en ordre plus ou moins dispersé ? Quand nos politiques, plus préoccupés par leur élection et les sondages d’opinion, que par le sort de nos soldats, ouvriront-ils le débat sur l’engagement de nos soldats à l’étranger.

L’Afghanistan coûte chaque jour 1 300 000 € à la France, elle déchire des familles, brise des hommes, tandis que notre Président et ses ministres nous expliquent que ces soldats tombent à des milliers de kilomètres de leur patrie, pour nous protéger du terrorisme.

Alors que nous savons tous que les « talibans » sont largement aidés par les Pakistanais, ceux à qui nous avons vendu des armes et qui ont commandité des attentats terroristes pour non versement de rétro-commissions promises.

Comment expliquer que Ben Ali, Mohammed Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi si courtisés, il y a moins d’une année, sont devenus infréquentables ? Nos hommes politiques sont-ils devenus de simples VRP internationaux ? N’ont-ils à vendre que du matériel ?

La France de la Révolution, de la proclamation des droits de l’homme, de La Fayette affrétant un navire pour aider les Etats-Unis à obtenir leur indépendance a-t-elle disparue avec la guerre économique ?

Je souhaiterais interpeler nos journalistes et nos médias, leur faire comprendre que la course au tirage et à l’audimat, les éloignent chaque jour un peu plus de la vision que j’ai d’un journaliste, qui est censée nous apporter une information objective, nous aider à réfléchir sur notre présent et notre avenir et non nous délivrer une bouillie médiatique formatée destinée à anesthésier notre sens critique telle une émission de téléréalité. Mesdames et messieurs les journalistes réveillez-vous ! Soyez à la hauteur de vos illustres prédécesseurs ! Agitez nos consciences ! Sous peine de perdre toute crédibilité, comme ces vieux dirigeants qui n’ont pas senti arriver la révolution internet et l’incroyable liberté d’information qui renversera tous les équilibres mondiaux.

Je comprends que, pour notre gouvernement, il soit plus simple de montrer la guerre technologique de la Libye, sans beaucoup de pertes, montrant la supériorité de notre armée, tel un showroom international de l’armement. Il est certainement plus rentable pour nos politiques d’avoir des soutiens des lobbys de l’armement que de montrer nos soldats en Afghanistan, enlisés dans un conflit avec des « rebelles » qui sont sur leurs terres et pour qui chaque heure passée est un pas de plus vers la victoire.

Ne cédons pas au voyeurisme malsain d’une guerre où les grands perdants seront ceux qui vont au final la financer, c’est-à-dire nous, et demandons le retour de nos soldats souvent engagés à l’extérieur pour des motifs qui nous échappent très souvent.

Fernand Tena, 26 mars 2011

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